13 avril 2009

On rase bébé

Départ samedi pour Banfora. Voyage en compagnie de Léa, rencontrée à Bobo. A 22 ans, elle n'est jamais allée à l'école. Au fil de la conversation, elle me dit qu'une amie à elle habite Banfora et a accouché récemment. Comme je compte y aller, je lui popose de lui offrir le billet de bus et cela me vaudra d'être accueilli dans la famille, où le bébé n'a pas encore de prénom. C'est le père qui le choisit et le communique un semaine après la naisance, au cours d'une cérémonie où l'on rase le crâne du nouveau-né. Elle aura lieu lundi et j'y suis, bien sûr, invité.
Arrivée donc à 7 heures, alors que quelques femmes s'affairent déjà à couper des pommes de terre pour en faire des frites. L'espace se remplit petit à petit et, le père mis à part, je suis le seul homme.
Petit déjeûner fait de pain beurré et de Nescafé au lait condensé. Puis, départ au marché pour acheter quelques légumes et des poulets. Vu l'absence quasi-systématique de frigos, ils sont vendus vivants. On les choisit dans une cage, leurs pattes sont attachées et ils sont transportés ainsi, la tête en bas, à pied, à moto, ou à vélo, parfois suspendus au guidon.
Ils sont tués dans la cour, pendant que les vieilles rasent le bébé et que le père fait part du choix du prénom de sa fille: Inès. Les cheveux sont recueillis dans un tissu qui sera "déposé". Où? Ils seront "déposés". Devant mon insistance, Opportune, la mère, me dit simplement "dans un endroit bien caché"...
Les visiteurs continuent d'affluer et le repas de se préparer, au son joyeux des cris des enfants, des ordres, conseils, rires des femmes penchées sur leur besogne.
Chacune s'attelle à une tâche: aller chercher de l'eau au robinet du quartier, faire quelques achats à l'épicerie, plumer les poulets, tout-à-coup au nombre de quatre, couper les légumes, piler les épices. Le tout est préparé sur deux minuscules fourneaux à bois, posés à même le sol.
Inès est vite oubliée dans cette agitation qui finit par produire un repas délicieux, mangé par petits groupes, sur le sol et à la main. Seuls le père et moi, ainsi que Léa qui me chaperonne, avons droit à une fourchette et à la table basse posée devant la télévision. Je me serais bien joint à un groupe dans la cour, mais il faut, parfois, tenir son rang... Il est vrai que je me suis habitué à manger avec les doigts, ce qui est finalement assez agréable. D'autant plus que l'on vous propose systématiquement de vous laver les mains avant et après le repas. On vous tient une sorte de grande théière remplie d'eau, sous laquelle vous vous frottez, d'abord avec savon, puis sans.
Mon appareil photo fait merveille et chacune prend la pose, les enfants sont hilares en se regardant sur l'écran.
Au final, comme souvent ici, une rencontre à Bobo ouvre des portes insoupçonnées 120 kilomètres plus loin.

Aucun commentaire: