06 avril 2009

Jamais seul


Jamais seul au Burkina... Il suffit de sortir de l'hôtel et partir dans n'importe quelle direction pour se retrouver accompagné et guidé, où que l'on aille et quoi que l'on fasse. La démarche n'est pas toujours totalement gratuite et peut susciter des jalousies.
Les « guides » improvisés ont forcément quelque-chose à vendre et le rapport n'est pas forcément bien clair sur la liberté du « guidé » à se laisser prendre en charge sans rien acheter. Des chemises, de l'artisanat, des tissus, en faveur d'une association ou d'un village. L'exercice nécessite clarté, clairvoyance et prudence, mais il permet la rencontre. Comme Ibrahim et Jean-Claude qui me guident à travers les échoppes d'un petit marché. Le grand a brûlé en 2004 et devrait rouvrir le 16 avril.
On se balade, on cherche un adaptateur pour la prise de mon mini-portable, peut-être un coiffeur où me raccourcir un peu les cheveux, on s'arrête pour pour une bière burkinabé. Et on cause, on cause sans arrêt. Ils veulent s'en sortir seuls et ne recherchent pas l'argent, mais à vendre les chemises faites au village, ou présentées comme telles dans une échoppe du marché.
L'exil? Ils n'y pensent pas et veulent construire leur pays. Ils laissent leur adresse aux touristes en espérant des dons pour leur « association ». Ou plutôt, ils s'arrangent pour que les touristes leur laissent une adresse électronique, car ils ne savent pas écrire. Ils ont probablement un frère ou un cousin qui se charge du service après-vente.
Ils sont conscients de leur statut et de ses limites. Le mariage? Il faut de l'argent. Mais il y a aussi des filles pauvres, qui veulent certainement se marier... Mais, selon eux, « les filles qui n'ont pas d'argent ne vont pas aller avec un homme qui n'a pas d'argent. »
Un autre « guide » m'accompagne quelques heures plus tard à la cathédrale, puis dans un maquis sénégalais où l'on mange le riz gras et le couscous. Mais au retour les guides du matin invectivent celui de l'après-midi et finissent par en venir aux mains. L'équilibre est fragile et le seul pouvoir d'achat potentiel que j'aurais pu exercer suffit à le bousculer. Dure leçon.

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