16 avril 2009

La vie ne se photographie pas

Difficile de rendre par des photos toute la vie d'ici, la foule présente en tout lieu, le foisonnement de gens, de bêtes, d'agitation indolente, le mélange d'actifs et d'hommes au repos. C'est que la règle est stricte et impossible à transgresser: on ne photographie pas les gens sans leur accord. Les seules fois où j'ai ressenti de l'agressivité chez des Burkinabè sont celles où j'ai manqué à cette règle, par négligence, pensant que les sujets étaient suffisamment éloignés pour me passer de leur consentement.
Cela rend toute scène de groupe ou de foule impossible à fixer, car il est inimaginable de demander leur accord à chacune des personnes qui la composent. Je m'autorise quelques exceptions depuis le siège arrière d'une moto ou à travers la vitre du bus, avec la plus grande prudence et un maximum de discrétion. Je ne regrette en tout cas pas d'avoir finalement renoncé à prendre mon Nikon reflex au profit de mon petit compact.
La photo peut aussi se négocier. On pourra prendre l'artisan auquel on achète quelque-chose, ou les enfants qui auront reçu chacun une pièce de 25 ou 50 francs.
Le contraste entre les vues de rues désertes et la foule qui les peuplent habituellement est alors saisissant, le soir, en passant en revue les prises de la journée. Comme si le photographe n'évoluait pas dans le même monde que le voyageur. L'un saisit les sites durant les rares moment où personne ne semble les habiter et l'autre se plonge dans une vie grouillante et fourmillante.
Certaines personnes timides n'osent pas refuser, surtout les jeunes filles en présence de l'homme plus âgé que je suis. Comme cette herboriste au marché de Ouaga, qui détourne la tête au moment où je déclenche.

Aucun commentaire: