Il faut un guide pour aller dans ces endroits et il ne manque pas une de ces échoppes où il est bien difficile de ne pas marchander quelque-chose. Les vendeurs utilisent tous le même argument: leurs pris sont cassés et un achat représente davantage une reconnaissance de leur travail qu'un bénéfice pour eux.
Comme partout, la jeunesse est omniprésente: l'âge moyen de la population burkinabè est de 17 ans et l'espérance de vie à la naissance est de moins de 50 ans. Pour quelques jeunes qui vivent de leur artisanat, un multiple est occupé dans le secteur informel.
Le fonctionnaire des impôts avec lequel je buvais des bières l'autre jour m'expliquait qu'il est frappé d'une taxe, la CSI, pour contribution du secteur informel. Elle représente un pour-cent des rentrées fiscales du pays et s'applique jusqu'à un chiffre d'affaires de 15 millions de FCFA (37'500 francs suisses). La plupart des acteurs semblent pourtant l'ignorer, comme le reconnaît le fonctionnaire en négociant des sous-vêtements à un vendeur ambulant, manifestement non-contributeur. L'impression est que l'essentiel du commerce de proximité se fait par le secteur informel, qui vend tout, absolument tout, dans des boutiques improvisées au bord des routes, sur des carioles brinquebalantes ou dans des cartons et autres aguillages portés à bout de bras avec une adresse hors du commun. On peut ainsi acheter au coin de la rue ou assis à une « terrasse » une recharge pour son portable, des cacahuètes, des cigarettes en cartouche, en paquet ou à l'unité, un assortiment du parfait bricoleur, une batterie de cuisine, slips, chemises, lingerie, des copies pirate de DVD et de CD, à l'eau de rose sur le dessus de la pile et plus hard dessous, des téléphones, des radios et tout ce qu'une maison pauvre ou riche se doit de disposer.
Il y a même un sous-secteur informel: celui des acheteurs pour le compte d'autrui. Vous n'avez plus de cigarette en buvant votre bière? A peine un regard pour chercher un marchand qu'un gosse est à vos côtés, prêt à aller en acheter pour vous. Le prix du service n'est jamais fixé d'avance, et laissé à la libre appréciation du bénéficiaire. Il ne peut de toute manière pas être inférieur à la plus petite pièce en circulation: 50 FCFA, ce qui constitue l'unité de base. Même principe lorsque vous garez une voiture (100 à 200 FCFA) ou une moto (50 FCFA). Où qu'il y ait une place, une personne la surveille, dans un système plus ou moins organisé. Avec un semblant d'officialité lorsqu'un ticket est donné, et payé à la reprise du véhicule; de manière plus spontanée lorsqu'un débrouillard s'est attribué un bout de bord de route. Pour le prix, la moto est poussée et collée aux autres pour rentabiliser au mieux l'espace, et vous est restituée prête à partir, dans le sens de la marche.
Tout cela fait que l'argent circule et que l'extrême pauvreté semble limitée, en ville en tout cas, et la mendicité extrêmement rare et laissée à de rares très jeunes enfants. Il faut d'ailleurs veiller, s'ils vous ont suivi pour vous convaincre de les aider, de les raccompagner en lieu sûr si vous leur donnez une pièce. Ils se font en effet parfois racketter par de plus âgés, probablement devenus moins convaincants avec l'âge.
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