11 janvier 2008

Le grand méchant loup souffla si fort...

Ainsi donc la Municipalité de Lausanne ne dialoguera plus avec le collectif qui avait érigé en parfaite illégalité une maison de paille (censée être expérimentale) sur un terrain communal au milieu de la ville... Enfin, sommes-nous tentés de dire.
Car comment justifier que l'on propose de fournir à des tenants du fait accompli un terrain avant même de disposer d'un projet sérieux? Et comment croire à l'aspect expérimental de la démarche quand elle se fait au mépris des lois? Et comment faire admettre par ailleurs que l'on ne discute pas avec le propriétaire auquel on refuse à juste titre une ouverture en toiture? La loi, toute la loi, rien que la loi. Pas d'autre voie possible sans tomber dans l'arbitraire.
Pour mémoire, la maison a brûlé dans un incendie que les autorités estiment accidentel et le collectif intentionnel. Peu importe, finalement: s'il existe une procédure d'autorisation de construire, c'est entre autres pour contrôler que les normes en matière de construction sont respectées et que la maison peut résister un certain temps au feu, quel qu'en soit la cause. Le non-respect de cette simple règle, et l'absence d'évacuation du bâtiment dès le premier jour de son habitation, aurait pu être à l'origine d'un drame, que la chance a heureusement permis d'éviter.
Le collectif a su s'attirer les sympathies de divers groupes amusés ou réellement intéressés par l'expérience, jusque dans la classe politique, syndic compris. Mais pour être crédible, une expérience doit avoir un réel fondement, poser des objectifs, dire ce que l'on va démontrer. Et si l'expérience n'est possible qu'en dehors de toute demande, de tout dialogue préliminaire, elle est d'emblée vouée à l'échec et surtout sans aucun intérêt. Car à quoi bon une maison de paille qui ne serait pas reproductible ailleurs?
On ajoutera encore que la Suisse ne manque pas de matière première renouvelable pour la construction pour ne pas être obligée de recourir à la paille compactée. La filière locale du bois, malheureusement, n'est capable de fournir que des planches et des poutres - la matière première des chalets, on est au pays de Heidi! - et pas des panneaux de bois compacté, matériau de base des grandes constructions en bois actuelles. Pour construire en bois, il faut le faire venir de Pologne ou d'Ukraine... Dure dilemme pour les tenants du développement durable...

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