14 avril 2009

Le prix de toute chose

Pour mon invitation chez Samou et Opportune, les parents du nouveau-né, je demande ce que je peux apporter. Des pommes-de-terre, me dit-on. Je suis encore à Bobo, et à Banfora on n'en trouve pas, où alors à des prix trop élevés.
J'achète donc 15 kilos de pommes-de-terre au bord de la route avant de prendre le bus, que l'on me conditionne dans un sachet plastic à la solidité douteuse. Mais c'est tout ce qui est proposé au client qui a l'imprudence de venir sans contenant. Je m'en contente donc, vais à moto déposer mon bien à la gare routière, et pars à la recherche d'un sac plus solide, craignant de voir mes pommes-de-terre rouler à cause d'une rupture du sac. Les sacs vides de farine, riz, ne manquent pas et servent aux marchands à transporter ce qu'ils viennent vendre en ville. Je m'approche de plusieurs d'entre eux, mais personne n'accepte de me vendre un vieux sac, même troué. On ne me donne ou me demande même pas de prix, signe d'une transaction impossible.
J'arrive juste à obtenir un deuxième sachet noir pour renforcer le premier qui commence effectivement à défaillir.
Un sac de 50 kilos vide et solide est un bien utilitaire d'une grande valeur. Avec lui, on peut apporter au marché pommes-de-terre, mais aussi fourrage pour les animaux, légumes, herbes, épices, bois, charbon. Ils sont précieux et ne se vendent pas, trop utiles à l'activité de leur propriétaire.
Il est d'autres choses qui ont une valeur inestimable, parce qu'elles sont des outils de travail.
Une glacière permet de transporter et de vendre de l'eau en sachet fraiche, activité inimaginable sans elle. Les clients sont exigeants et rejetteront sans ménagement le vendeur qui tenterait de vendre une eau tiède ou simplement tempérée.
Un grand thermos servira à préparer et vendre du Nescafé. Un simple carton à proposer sous-vêtements, linges, tissus; une petite alise et un bout de bois pour la maintenir ouverte, des lunettes à soleil; une plus grande, des vêtements ou des chaussures.
Un vélo peut transporter une grosse quantité de bois ou de fourrage. Une moto, trois à quatre sacs bien remplis de toutes sortes de denrées et matériaux, en plus d'un passager éventuel qui réduit à peine la capacité de chargement.
Une voiture, peinte en verte, quel que soit son état, deviendra taxi. Quant au minibus, Il transportera presque autant de monde qu'un bus en Europe, sans compter les marchandises qui trouveront place sur le toit.
Mes pommes-de-terre arriveront finalement à bon port, et survivront même à un nouveau trajet en scooter, entre les jambes de l'amie d'Opportune qui vient me chercher. Je prends place sur le siège arrière, regardant la tête du bébé qu'elle porte dans son dos dodeliner au rythme des bosses et des virages.

1 commentaire:

Damien a dit…

Quelle bouffée d'exotisme, le choix et la tournue envole l'imaginaire et souligne l'essentiel qui saura nous émouvoir.
Merci de partager un bout de voyage, qu'on peut goûter dans la toute tranquillité de notre petit salon! Et quel goût! Vivement la suite