15 avril 2009

La femme africaine marche, marche, marche et vit courbée

Où que l'on soit, sur une route, une piste, en ville ou dans les champs, des femmes marchent, toujours chargées. Le plus souvent d'un bébé dans le dos et d'un poids sur la tête, posé en équilibre. Il peut ne s'agir que de trois mangues, mais généralement d'un poids bien plus conséquent, comme une large bassin d'eau remplie à ras bord et dont pas la moindre goutte ne s'échappera au cours du trajet, toujours semé d'embuches: un camion qui klaxonne pour chasser cyclistes, charrettes et piétons sur le bas côté, un terrain accidenté, un troupeau de chèvres qui vient en courant en sens inverse. Les seules femmes immobiles sont celles qui vendent au marché ce qu'elles y ont apporté... en marchant.
La charge sur la tête, qui tient sur un simple bout de tissus transformant l'arrondi du crâne en une petite surface plane, surprend toujours l'Européen à tendance voutée. Elle oblige les femmes à une droiture d'une grande beauté, qu'elle soit le fait d'une jeune fille ou d'une grand-mère. La cambrure est obligatoire et le corps bouge sans que la tête ne fasse le moindre mouvement. Je dis un jour mon admiration à l'une de ces femmes que je vois boire avec une bassine d'eau sur le crâne, sans pencher la tête ni rien renverser de sa charge. Elle commence à sourire, s'arrête aussi soudainement et me dit qu'elle peut sans problème boire ainsi, mais que rire de mes propos risquerait de faire tomber son eau...
Quand elle ne marche pas, la femme africaine est courbée, parfois accroupie, plus rarement assise sur un petit banc, face à son travail. Préparer le feu, balayer la cour, cuisiner, sont autant d'activités dont le centre de gravité est au sol et qui se font en étant simplement plié en deux, mains au niveau des mollets. Elles peuvent passer des heures ainsi sans émettre la moindre plainte, comme l'inversion de la droiture qu'elles affichaient peut de temps auparavant.

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