23 octobre 2007

Une contribution au Sud pour chaque permis de travail accordé...

Alors que la Suisse se réveille un peu plus nationaliste, l'Union européenne envisage positivement l'immigration... C'est face au constat d'une population vieillissante et d'un risque de manque de main d'oeuvre que l'Union européenne prévoit une "carte bleue", en clair un permis de travail et de séjour et une procédure unique d'immigration pour les travailleurs qualifiés.
Ce qui est remarquable, ce n'est pas tant cette unification des règles et des procédures pour attirer les meilleurs cerveaux qui ont tendance actuellement à privilégier d'autres destinations plus attractives. C'est cette manière d'envisager l'immigration positivement, de reconnaitre la nécessité d'attirer des étrangers - plutôt bien formés, certes.
Il n'empêche, la "carte bleue" permettra à son titulaire de sortir de l'Union et de pouvoir y revenir par la suite sans recommencer toute la procédure. Et de ne pas être soumis à des renouvèlements annuels ou à des droits limités en matière de déménagement comme en Suisse. Combien de permis B perdus en Suisse pour un retour un peu trop long au pays natal? Et combien qui préfèrent renoncer à retourner au pays de peur de ne pouvoir revenir en Suisse par la suite pour des raisons administratives?
La Suisse a une politique d'immigration basée sur le principe de la forteresse assiégée. Ce ne sont pas les campagnes de ces derniers mois qui contrediront cette image. Elle court pourtant le risque de ne plus guère intéresser les migrants dont elle a besoin si son image se ternit et si ses procédures en matière d'immigration restent si dissuasives, même pour les cerveaux.
Après la concurrence fiscale, la concurrence de l'immigration?

Et la fuite des cerveaux?
L'ouverture dans ce domaine pose bien évidemment le problème de la fuite des cerveaux des pays pauvres vers ceux du Nord. Nombre de ceux qui viennent se former chez nous ne rentrent pas ensuite dans leur pays d'origine et d'autres fuient ce pays une fois une formation de base acquise. La "carte bleue" européenne ne risque-t-elle pas de favoriser encore ce phénomène?
On nous promet que des mesures seront prises pour éviter ce risque. Il ne faut pas voir la fuite des cerveaux comme un risque uniquement: expatriés, ils contribuent à faire vivre leur famille restée au pays - une solution qui ne peut cependant être acceptable à long terme. Des pays africains misent d'ailleurs sur l'exportation de leurs cerveaux en tablant sur les devises qu'ils renverront par la suite au pays. Ces expatriés peuvent aussi, par des échanges, des parrainages, favoriser la formation dans leur pays d'origine.

Un permis accordé, une aide en faveur du pays d'origine
Mais le phénomène n'en pose pas moins problème: comme dans d'autres domaines, le Nord utilise le Sud comme réservoir de ressources quand il en manque. Dans l'immigration, pourquoi ne pas dédommager le pays d'origine pour chaque "carte bleue" émise? Et pourquoi la Suisse ne ferait-elle pas de même pour tout permis de travail accordé à un ressortissant d'un pays en voie de développement? Une mesure qui ne devrait d'ailleurs pas concerner que les cerveaux: nombre d'étrangers font en Suisse des travaux que les résidents ne veulent plus effectuer.
On se demande d'ailleurs ce que donnerait en Suisse une grève d'un jour de tous les travailleurs étrangers...

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